Bonjour et bienvenue sur www.herbea.org. Pour mieux vous connaître et améliorer votre navigation dans nos pages, et à des fins de suivi de fréquentation, nous utilisons des cookies. En poursuivant votre navigation, vous acceptez notre politique de cookies.

Mise en oeuvre de la lutte biologique par gestion et conservation des habitats la Ferme de Pontcirq

- Approche Top-down : (Action qui favorise l'auxiliaire)

Régulation descendante, qui vise à favoriser les ennemis naturels des ravageurs par la mise en place d’infrastructures agroécologiques dans le but de diversifier leurs habitats et les ressources disponibles.

  • Maintien des haies et de la végétation spontanée

En plus d’une surface boisée importante, 76 ml et 177 ml de haies sont présentes au Nord-Est et au Nord de l’exploitation. Aude les considère comme d’importants réservoirs biologiques, avec un rôle de corridors écologiques. Ces haies se composent d’essences naturelles très variées : alisiers (sorbier et alisier), chênes, genévriers, pins sylvestres, érables (champêtre, de Montpellier), charmes, prunelliers, buis, cornouiller, aubépines, fragon, noisetiers… et des ronciers qu’elle laisse se développer.

Elle y observe notamment des coccinelles, des syrphes, de très nombreux oiseaux, des papillons, des chevreuils…

Pour améliorer la fonction de corridor, Aude souhaiterait implanter reconnecter certaines haies actuelles avec de nouvelles haies, composées notamment d’arbres fruitiers à destination des oiseaux.

Il est difficile pour Aude d’estimer ce que cela représente en termes de réduction d’intrants, car elle n’en a jamais utilisé, « mais de toute façon, le bénéfice est énorme, car le coût environnemental des pesticides est énorme » dit-elle.

Elle laisse la végétation spontanée se développer par endroits, et apprécient de désherber manuellement afin d’observer les plantes bioindicatrices (elle s’appuie sur les ouvrages de Gérard Ducerf, agrobiologiste spécialiste de la flore bioindicatrice). Ainsi, le fumeterre lui indique que son sol est bien riche en matière organique.

Dans la prairie où Aude et Michaël aménagent le parcours pour les poules pondeuses, ils souhaiteraient développer des bosquets d’arbres, arbustes et ronciers, diversifier davantage les habitats semi-naturels et offrir de l’ombre aux poules.

 

 

  Le Rallic-Maho O, Solagro. Bois et roncier sur la ferme de Pontcirq.

 

ZOOM : EXEMPLE CONCRET DE RÉGULATION NATURELLE

La première année de l’installation, Aude et Michaël subissent une importante attaque de pucerons sur leurs poivrons. Rapidement, ce pic de pucerons est suivi d’un pic de population de coccinelles, renforcée de syrphes, et de chrysopes. Aude n’intervient pas et laisse faire. Elle assure n’avoir « jamais vu autant de coccinelles : elles ont tout arrangé, et je n’ai pas eu de problèmes de pucerons, j’ai eu de très beaux poivrons ». Depuis, Aude et son compagnon n’ont pas eu d’autres problèmes de pucerons et les coccinelles font partie des auxiliaires qu’ils observent le plus.

 

  • Mise en place de tas de bois morts, mares et nichoirs
 

Afin d’offrir et de diversifier les habitats pour la faune, Aude et Michaël mettent en place des tas de bois mort, favorables à certains oiseaux, aux mustélidés, et aux hérissons, prédateurs intéressants contre certains insectes ravageurs ou mollusques.

Des mares sont aussi ajoutées pour rajouter de la diversité, notamment des amphibiens, mais aussi dans le but de créer des réservoirs d’eau avec un rôle tampon, pour limiter les inondations ou les ruissellements trop importants.

 

Le Rallic-Maho O, Solagro. Tas de bois mort, faisant office de refuge pour les oiseaux, ou les petits mammifères.    

 

  Des nichoirs des mésanges et des sitelles torchepot sont installés sur les arbres des bois bordant la parcelle agroforestière et les serres. Les mésanges sont insectivores et apprécient certaines mouches, ou chenilles, telles celles du carpocapse. De plus elles peuvent nicher plusieurs fois dans l’année, selon la climatologie. La sitelle est granivore et insectivore, mais à la belle saison elle préfère se nourrir d’insectes, comme des chenilles ou des coléoptères. L’installation de perchoirs est prévue, pour attirer chauves-souris et rapaces. Dans les bois, la présence d’arbres morts sur pied permet déjà de leur offrir quelques lieux de refuges.
Le Rallic-Maho O, Solagro. Nichoir à mésange sur la ferme de Pontcirq.    

 

ZOOM BIODIVERSITÉ

Lors d’un diagnostic de la LPO en mai 2016 sur l’exploitation, une importante diversité a été observée. Sur cette journée de diagnostic non exhaustif, 26 espèces d’oiseaux ont été relevées, notamment d’insectivores : parmi elles le Troglodyte mignon, le Loriot d’Europe, le Pic vert, le Pic Epeiche, la Sitelle Torchepot, le Rossignol philomèle, des mésanges, le rougegorge familier, etc… 24 espèces de papillons de jour, importants pollinisateurs, ont été observés également, 2 parmi eux d’intérêt patrimonial (l’Azuré des Cytises et l’Hespérie de la Mauve). En termes de diversité floristique, ce sont 77 espèces qui ont été notées ce jour-là, dont l’une d’entre elles protégées en France au niveau régional (pas en Midi-Pyrénées) : la Néottie nid d’oiseau. Cette diversité végétale permet de multiplier les ressources alimentaires et de favoriser la présence d’auxiliaires.

 

  • Enherbement et bandes fleuries

Sur les bandes de 2 m où sont implantées les lignes d’arbres fruitiers, Aude cultive en partie les plantes portes-graines pour l’auto-production de semences, mais laisse aussi des zones enherbées, ou paillées, ou bien elle sème diverses plantes, notamment des mellifères, afin de favoriser les auxiliaires.

En bordure des parcelles de serres et de plein champ, elle a mis en place des bandes fleuries, composées de plantes annuelles qu’elle sème tous les ans. Cependant Aude souhaiterait pérenniser ces bandes fleuries, d’une part pour multiplier les strates et d’autre part pour ne plus avoir à semer systématiquement.

Sous serres, les bandes fleuries se composent de sainfoin, nigelles, coquelicot, sarrasin, tournesol, lin, lavande, thym… Aude choisit ces plantes d’après des lectures et en s’inspirant des recherches du GRAB, à partir desquelles elle réalise ses propres mélanges. Leur fonction principale est d’attirer les pollinisateurs et les auxiliaires, par exemple les syrphidés, qui apprécient les Apiacées (ou Ombellifères), comme la coriandre ou l’aneth en fleur. Elle laisse la flore spontanée s’y développer également.

Le tournesol, qu’elle a implanté également en plein champ, produit des graines appréciées des oiseaux.

 

Le Rallic-Maho O, Solagro. Bande fleurie pérenne (à droite) composée de lavande et thym, en bordure de la parcelle agroforestière (à gauche).

La parcelle est entourée de bois.

 

 

Les plantes-hôtes sont aussi parfois introduites comme plantes compagnes sur les planches maraîchères.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Rallic-Maho O, Solagro. Plantes compagnes (ici bourrache) sur les planches sous serres.

 

- Approche Botton-up : (Action qui défavorise le ravageur)

Régulation ascendante, induite par la modification des pratiques agricoles dans la parcelle et qui vise à défavoriser les ravageurs

  • Variétés anciennes et adaptées au terroir

Le choix de nombreuses variétés adaptées au terroir, pour chaque légume, est pensé comme une manière de s’adapter aux contraintes locales telles les inondations ou la nature du sol. Aude et son compagnon achètent les semences à des fournisseurs de semences biologiques non-hybrides et en auto-produisent une partie, qu’ils échangent au sein du réseau Semences Paysannes.

Le développement d’une parcelle agroforestière va leur permettre d’installer leurs porte-graines sur le rang des arbres, sans empêcher la récolte sur les rangs de légumes, et d’auto-produire leurs semences au maximum. De même, les arbres fruitiers implantés sont composés de nombreuses variétés par espèces.

Cultiver un grand nombre de variétés est aussi un plaisir pour Aude, passionnée de botanique.

Ainsi, Aude et Michaël cultivent une trentaine de variétés de tomates, 5-6 variétés de poivrons, 4 variétés d’aubergines, 6-7 variétés de pommes de terre, 3-4 variétés de poireaux…

 

  • Cultures associées

Afin d’optimiser l’espace et d’améliorer la productivité, Aude réalise de nombreuses associations entre légumes et plantes aromatiques, en plein champ et sous serres.

Sur les rangées agroforestières, les arbres sont intercalés de légumes ou de plantes aromatiques, ou parfois de plantes compagnes ou de végétation spontanée. Ceci permet également de diversifier les ressources et les habitats pour les auxiliaires, et de créer des barrières physiques contre la propagation de maladies.

ZOOM : EXEMPLE D’ASSOCIATIONS    

Aude choisit les associations selon l’affinité des plantes entre elles et de leurs exigences écologiques, et cherche à mixer plantes annuelles et plantes pérennes. Par exemple, abricotiers, fèves et artichauts sont alternés sur une même rangée. Sur une autre rangée, ce sont cassis groseillers, poiriers et persil ou encore pommier, choux, betteraves et carottes qui sont mixés.

Sous serres, concombre et basilic sont associés sur la même planche, tout comme tomate, poivron, aubergine et tournesol.

 
Le Rallic-Maho O, Solagro. Concombre associé au basilic sous serre à la ferme de Pontcirq.

 

  • Agroforesterie : verger-maraîcher

Cet hiver, Aude a implanté une centaine d’arbres fruitiers dans les cultures maraîchères, afin d’apporter de l’ombre aux légumes et pour elle-même lors des travaux sur ces parcelles. Elle espère également que les arbres favoriseront l’infiltration de l’eau et limiteront l’érosion par leur système racinaire, car le terrain est en pente et partiellement inondable, En conséquence elle espère également réduire l’irrigation (facture élevée actuellement). Bien que l’implantation des arbres avait d’abord été pensée perpendiculairement à la pente afin de réduire l’érosion, ils sont finalement dans le sens de la pente pour des raisons d’hétérogénéité du terrain. A terme, Aude souhaiterait arrêter totalement le travail du sol pour limiter le ruissellement et le lessivage du sol, et favoriser l’activité de la faune du sol.

 

 

L’aménagement des fruitiers a suivi celui du maraîchage, réfléchi en fonction de la nature du sol, de l’ensoleillement et de l’infiltration de l’eau après 2-3 années d’observations. Dans le respect des exigences de plantes, les pruniers ont été implantés sur le sol très argileux, les pommiers sur le sol moins argileux, les poiriers puis les abricotiers et les nashis sur le sol plus sec.

Le feuillage permettra également d’apporter de la matière organique et des minéraux au sol.

Un des objectifs en termes de régulation naturelle est d’attirer, via la présence d’arbres, les oiseaux contre les ravages de l’altise du chou, et les chauves-souris contre la teigne du poireau.

 

Le Rallic-Maho O, Solagro. Rangée d'arbres fruitiers intercalés de légumes et plantes aromatiques.

L’achat des arbres à des producteurs locaux a coûté environ 2000€, auxquels il faut rajouter le plastique pour le paillage et le temps de travail. Aude a pu financer cette investissement en s’appuyant sur le crédit d’impôt pour l’agriculture biologique.

 

Les légumes forment des petites parcelles de 30-40 m de long sur 12-13 m de large, et les arbres ont été implantés sur des rangs d’environ 100m de long et 2m de large (en savoir plus Enherbement et bandes fleuries), à travers les parcelles de légumes. Les rangs d’arbres, où se trouvent également les portes-graines, sont donc intercalés de planches de légumes. Des arbustes fruitiers (cassis, groseillers, framboisiers…) et des vivaces comestibles ou pas (lavande, thym, artichauts, asperges ...) se trouvent aussi sur les séquences d’arbres, pour obtenir des rangs multi-strates et diversifier les habitats pour les auxiliaires, au sein même des parcelles (en savoir plus Cultures associées)

 

  • Agropastoralisme

Parmi la centaine de poules, les plus vieilles sont mises à pâturer sur la parcelle agroforestière afin de maîtriser l’enherbement et les adventices, contribuer à la fertilisation du sol, et réguler les ravageurs. Ainsi Aude espère qu’elles contribueront à réguler le carpocapse à l’avenir. De même, les moutons d’Ouessant qui pâturent les bois sont mis à pâturer les cultures maraîchères également, une fois les jeunes arbres fruitiers protégés par des clôtures souples.

 

Partagez vos expériences !

L'univers Solagro