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Rencontre Biodiversité dans les fermes - bandes fleuries

Date de publication 23/05/2023

La rencontre « Biodiversité dans les fermes » organisée par SOLAGRO et AGRIBIO Rhône et Loire le 2 mai 2023 a permis de réunir une quinzaine d'agriculteurs. Cette rencontre s’est déroulée dans le cadre d’un projet ‘Bandes fleuries’ soutenu par la fondation ECOTONE et du groupe "30000 techniques alternatives en fruits à pépins". Lors de cette matinée, deux groupes ont été constitués pour aborder différents sujets clés de la biodiversité dans les fermes :

  • Les chiroptères, les mésanges : leurs cycles et comment favoriser leur présence
  • Les bandes fleuries et les auxiliaires qu’elles abritent avec un exercice de reconnaissance à l’aide de filets à papillon
  • Les pollinisateurs et les infrastructures agroécologiques (IAE) à privilégier pour les accueillir, avec un exercice de reconnaissance à l’aide de filets à papillon

L'objectif de cette rencontre est d'ouvrir les enjeux de biodiversité de manière plus large avec les haies, nichoirs, pollinisateurs et ne pas se centrer sur un problème = une solution mais d'envisager la biodiversité comme une combinaison de leviers pour répondre aux problèmes de bioagresseurs présents dans une ferme. 

Atelier Bandes Fleuries

Annabelle Richard de Solagro, anime depuis 2 ans un groupe sur les bandes fleuries avec l'appui d'AGRIBIO Rhône&Loire sur 4 exploitations en arboriculture et petits fruits et 5 fermes en maraîchage. Il s'agit d'un projet qui incite à ramener de la biodiversité et des auxiliaires dans les parcelles en lien avec des problématiques constatées sur les fermes telles que les pucerons, anthonomes… Des suivis d'insectes plus poussés sont réalisés avec les étudiants de l'ISARA sur cinq fermes dont les fermes d'Ingrid Ruillat et Pierrick Jasserand, présents lors de cette matinée.

La bande fleurie mise en place chez Pierrick Jasserand, à Pollionay (69) se comporte plutôt bien cette année puisqu’elle est implantée à l'automne avant des pluies. Il s'agit d'un mélange du projet MUSCARI avec des légumineuses, du sainfoin, du lotier etc., un travail porté par François Warlop du GRAB et pour lequel la Fondation Ecotone a notamment financé l'achat des semences et le suivi du projet.

Le semis, qui a été fait fin août 2022, a un peu stagné au démarrage puis s'est bien développé. Il s'agira de faucher la bande fleurie avant qu'elle ne graine pour ne pas prendre le dessus à environ 8 cm du sol, pas en dessous. Romain Juthier, arboriculteur du groupe a pour projet d'implanter des bandes fleuries en inter-rang de pommier peut-être un rang sur deux.

Bertrand Bonjour présente un essai de bandes fleuries mises en place dans le cadre du travail avec Solagro sur une petite bande entre les passages de roues sur 3 rangs de pruniers, avec une implantation à l'automne (le broyage du bois de taille étant à la bonne période). Les arbres sont à 7 mètres entre rangs. Il s’agit d'un semis manuel à la volée car il y a toutes les tailles de graines: féverole, vesce, bleuet, sainfoin.. avec recherche d’une floraison précoce. Le mélange utilisé est celui de MSUCARI qui est proche du mélange utilisé dans le projet ÉcoOrchard, une référence en arboriculture pour réguler entre 30 et 50 % des pucerons cendrés du pommier.

Gestion de l'hoplocampe et enjeu des bandes fleuries

À la ferme aux 1000 fruits : 

Le piégeage massif pour l’hoplocampe est pratiqué depuis 10 ans sur la ferme aux 1000 fruits, à raison de 200 pièges englués blancs/ha, nécessitant un temps de travail asez long (1 journée).

Aujourd’hui, les arboriculteurs placent des « piégeages observatoires », 10 sur 1 ha et ajustent un traitement à la chute des pétales pour cibler les larves. Ils envisagent l’implantation de bandes fleuries sur 1 inter-rang sur 2 pour renforcer la régulation naturelle. L'introduction de poules en vergers leur a permis de bien réguler les problèmes d’anthonome en verger de poirier en 2022, avec un pâturage pendant 3 mois, et est à l'étude pour l’hoplocampe en pommiers.

=> L’hoplocampe quitte les fruits et hiverne dans le sol. Les poules peuvent agir en hiver, en communauté d'auxiliaire de sol, avec également les carabes et les staphylins. La pression est tellement élevée avec l'hoplocampe qu'une bande fleurie seule n'aura pas un impact suffisant. Au moment du vol des hoplocampes, les oiseaux et chauve-souris peuvent également avoir un impact. Le vol semble être similaire à celui du carpo car les pièges à hoplocampe sont souvent touchés le soir quand il fait chaud avec peu de vent.

Atelier Nichoir et abris

Brice Lemaire est un ancien salarié d'Agribiodrôme et il a toujours été intéressé par l'ornithologie. Il propose que les nichoirs deviennent une technique agricole intégrant la construction, la pose, le suivi des nichoirs. L'approche proposée par Agrinichoirs est d'installer 10 nichoirs à mésanges par hectare et 10 abris à chauve-souris par hectare ainsi que 1 ou 2 abris à crécerelles et à chevêches sur deux hectares. En 2016, dans le cadre de l’appui de groupes de producteurs, AgriNichoir a réalisé une fiche technique avec des plants et des préconisations pour implanter des nichoirs en haute densité en verger. L'entreprise AgriNichoir a été fondée car certaines fermes n'ont pas le temps de construire, mettre en place et suivre les nichoirs installés en parcelle. Les chauves-souris et mésanges sont des auxiliaires généralistes (vs les spécialistes qui réagissent à l’augmentation d’une population particulière), d’où l’intérêt à favoriser leur présence.

Résultats de la recherche:  il existe des publications scientifiques qui montrent l'efficacité en consommation d'insectes des mésanges et chauve-souris, des hirondelles, des chouettes chevêches…

Les mésanges

La mésange consomme de tout, à portée de bec: des chenilles processionnaires aux pucerons, elle est présente toute l'année et a un territoire d’action important. Elle va au plus court et consomme au plus proche du lieu où elle dort: une étude menée par l'INRAE d'Avignon avec des traceurs GPS a montré que les mésanges consomment sur un rayon de 100 m autour de leur nid.

La mésange consomme de tout, en même temps donc le type d'efficacité est très difficile à montrer. ll y a des preuves qu'elle mange des carpocapses, des tordeuses dans des quantités variables toute l'année. La libellule est aussi un insectivore très efficace. 

La mésange chasse les insectes rampants et marchants et consomme 400 à 900 insectes/jour en période de nourrissage des jeunes, pendant trois semaines de 5h à 20h sur la période de nidification.

Cycle et mode de vie

Les premières nichées avec éclosion ont eu lieu fin avril, les nichées les plus tardives se trouvent en Corse jusqu'à mi-mai. Une femelle peut faire jusqu'à 3 nichées (en moyenne 2) jusqu'à mi-juillet. Après mi-juillet les nichoirs sont vides.

Les oiseaux fabriquent leur nid, la femelle couve (elle sort parfois), le mâle fait des allers-retours pour la nourriture. Il y a 9 jeunes en moyenne par portée (de 6 à 14 jeunes), élevés pendant 20 jours.

Les mésanges entrent avec des graines et ressortent avec un petit sac blanc, le sac fécal, c'est pourquoi le nichoir reste propre.

Les jeunes sortent du nid et en hiver, passent en mode maraude sur un grand territoire et se mêlent à une bande d'oiseau (avec des pinceaux, verdiers…). Ils sont insectivores purs en hiver et au printemps continuent de manger des larves hivernantes en verger de pommier et font une diversification avec des graines pour les graisses. 

Les mésanges font leur première portée à 1 an. La mésange a une espérance de vie de 3 à 4 ans, il n'y a pas de risque de surpopulation des mésanges qui sont dépendantes de la ressource alimentaire. À noter que le taux de perte sur une population de mésanges est de 75 %, ce sont aussi des proies face aux crécerelles, chevêches, fouines, chats, éperviers… Il y a un enjeu d'avoir des cavités en parcelle. Puisque la mésange rayonne sur 100 m autour de chaque cavité, les nichoirs ne doivent pas être positionnés uniquement en bordure de parcelle mais tous les 50 m au sein des parcelles.

Nettoyage et positionnement des nichoirs

Le positionnement optimal du nichoir est selon une orientation sud - sud/est. Les nichoirs à mésanges peuvent être posés dans les systèmes avec filets Paragrêle ou Alt'carpo sans problème.

Théoriquement, il n’est pas nécessaire de nettoyer les nichoirs. Les mésanges nettoient parfois un peu le nichoir lorsqu’il a été occupé préalablement.

Le nettoyage du nichoir peut être bénéfique pour deux raisons :

  • Enlever les parasites
  • Connaître le niveau d’occupation du nichoir : savoir s’il y a eu un nid

Le temps que prend ce travail est adapté à l’échelle d’un jardin. Cette approche n’appelle pas à se focaliser sur le nichoir mais quand on fait en sorte que cela devienne une technique, il y a un enjeu de faire un suivi d’occupation. Il faut passer au moment de la taille en hiver et noter l’occupation.

Évolution des modèles de nichoir à mésange:

Du PVC au roseau en passant par le bambou, les modèles proposés ont évolué pour utiliser du matériel plus durable et plus stable dans le temps, avec une facilité d’utilisation.

Nichoirs en PVC: 

Le premier travail a été mené avec Agribiodrôme à travers des nichoirs en PVC, matériel imputrescible à bas coût (3 € par nichoir), très rapide à faire. Ces nichoirs ont été installés à la ferme aux 1000 fruits en 2017 avec un taux d'occupation de 40 %.

Le premier modèle avec une anse en métal n'était pas adapté pour une installation optimum, aujourd'hui la corde avec mousqueton permet de choisir la branche et de l'installer plus facilement. L'objectif a été de conserver la facilité de construction: comment faire 50 nichoirs tout seul en moins d'une journée si on a 5 hectares... Les coûts unitaires des nichoirs vendus en ligne varient entre 25 et 60 € le nichoir.

Nichoirs en bambous:

Le deuxième modèle a été celui en bambou qui est aussi imputrescible et plus naturel. Ce sont les modèles présents chez Pierrick Jasserand, réalisables également en chantier collectif avec un coût porté à 5-6 € par nichoir. Ces nichoirs ont eu des problèmes d’éclatement, de fissure avec le temps.

Nichoirs en Roseaux:

Le nouveau modèle est en roseau, matériel beaucoup plus stable avec un chapeau qui ne peut pas s'en aller grâce à une vis et une face plate pour permettre de s'installer plus facilement avec des serflex sur des piquets de palissage. Le coût s’élève à 19 € HT par nichoir.

Les chauves-souris

Cycle et mode de vie

La chauve-souris est un mammifère insectivore. Elle consomme l’équivalent d’une fois son poids par jour en insectes. Elle réalise une prédation de nuit et se nourrit d'insectes en plein vol (jusqu'à 3000 insectes par nuit). Les chauve-souris fonctionnent en colonie : à l’automne, les mâles trouvent une femelle puis s’en vont. La gestation de la femelle a lieu en hiver et la mise bas a lieu en mai-juin. Les femelles vivent en colonie entre femelles avec les petits. Une paire de femelles garde les jeunes pendant que les autres vont chasser les insectes. L’enjeu est de proposer une certaine quantité de cavités sur le territoire pour permettre aux chauves-souris d'avoir accès à la ressource alimentaire, car elles changent de cavité tous les jours.

Une chauve-souris peut vivre plusieurs dizaines d'années et peut rester sur le même territoire.

La pose et le suivi des abris à chauve-souris

Les mâles recherchent des abris pour la chasse. Les chauves-souris changent d’abris en fonction des conditions extérieures. Un mâle utilise souvent plusieurs abris. C’est pourquoi les abris sont souvent regroupés plutôt que répartis. L’orientation optimale pour les abris à chauve-souris serait plein sud. Les abris à chauve-souris sont recouverts d’une protection noire pour éviter une exposition directe à l’eau et à la lumière et éviter que le bois ne travaille.

Pour suivre les abris à chauve-souris, il existe des endoscopes de chantier à 50€. Le moyen le plus efficace pour suivre la présence des chauves-souris est de passer en journée pour regarder dans l’abri. Le pic de présence de la chauve-souris se situe entre mi-juillet et mi-août, ce qui concorde avec la période de carpocapse. Une spécificité de l’abri est qu’il ne faut pas qu’il bouge.

Atelier Pollinisateurs

Danny Lebreton, salarié à Arthropologia n'est pas agronome ni agriculteur, n'a pas de nom d'insectes à donner face à chaque problématique. C'est la diversité dans un espace qui est primordiale pour participer à la régulation des ravageurs. Chacun s'équipe d'un filet, d’un pot et récolte les insectes présents. Il est plus facile d'observer les insectes à l'ombre.

Les abeilles de ruche font du miel et ont besoin de carburant en hiver car la grosse partie de la colonie vit l'hiver. Toutes les autres espèces qui ne produisent pas de miel et vivent seules, meurent en fin de saison.

L'abeille de ruche n'est pas la plus intéressante pour la pollinisation car elle prélève le pollen, à la différence des abeilles sauvages. Les abeilles ciblent une plante protéine végétale pour les larves. Une strate herbacée le long d'une haie est pertinente, entre 50 cm de large et 2m dans l’idéal. Il faudrait 30 % de la surface en infrastructures agroécologiques dans les fermes. Chez les abeilles sauvages, il n'y a que les femelles qui piquent, les mâles ne piquent pas car les dards sont des organes de ponte modifiés donc dédiés aux femelles.

Et la végétation spontanée

La végétation spontanée coûte moins cher que les bandes fleuries. Dans les bandes spontanées, on a besoin de fleurs. Pour les favoriser il s'agit de ne faire qu'une fauche tardive en fin d'été à une période où toutes les fleurs présentes ont grainé (ou une fauche en fin de printemps si cela est plus adapté).

Les espèces les plus communes sont les plus intéressantes, telles que les géraniums trèfles, pissenlits, vesces. La phacélie favorise quant à elle les bourdons et l'abeille de ruche. Quand on cherche de la diversité et pas de la production de miel c'est mieux de mettre autre chose.

La ressource alimentaire est très importante pour les abeilles mais la ressource de nidification l’est également. Le métier de Brice existe car on a perdu tous les aménagements naturels existants! La grande majorité des abeilles nichent au sol. L'intérêt est d'avoir un cortège d'habitats suffisamment variés pour maximiser les chances de développement des auxiliaires et des pollinisateurs.

 

Rédigé par Pauline Bonhomme d’AGRIBIO Rhône&Loire et Annabelle Richard de SOLAGRO

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