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Comment choisir et gérer ses IAE pour favoriser la lutte biologique par conservation ?

Date de publication 21/04/2020

Plusieurs chercheurs entrainés par un anglais, John Holland, ont réalisé une synthèse de 152 études menées en Europe qui reliaient les IAE, la présence d’auxiliaires des cultures, et le contrôle des ravageurs dans les cultures adjacentes.1

 

7 types d’IAE ont été étudiées : les lisières de bois et les haies, les bosquets, les bandes enherbées, les bandes fleuries, les bordures de céréales non traitées, les couverts implantés dans les cultures et les prairies naturelles extensives.

 

L’intérêt de ces habitats semi-naturels pour la lutte biologique dépend de nombreux facteurs, notamment leur composition floristique qui souvent dépend du mode d’entretien. Ce travail a aussi montré toutes les lacunes en matière de lutte biologique par conservation et le peu de travaux menés jusqu’à la mesure du  contrôle effectif des ravageurs des cultures et l’effet potentiel sur le rendement des cultures.

 

Les lisières de bois et les haies

L’intérêt de ces habitats boisés est très corrélé à la diversité des strates et des plantes présentes, notamment les fleurs au pied de la haie et la présence de certains arbustes à fleurs comme l’aubépine, le prunellier et le sureau. Ces milieux procurent des ressources nutritives comme le nectar et le pollen mais aussi des lieux d’hivernage notamment pour les coccinelles et les carabes. Mais les haies peuvent aussi abriter des pucerons ravageurs des cultures. Pour favoriser les plantes à fleurs au niveau de l’ourlet herbeux, il est important de réaliser un gyrobroyage au pied de la haie qu’une fois tous les 2 ans et d’éviter tout traitement herbicide. Des effets positifs ont pu être observés dans les vergers de cerisier (présence de chrysope) et de pommier (contrôle du carpocapse) ceinturés de haies. En Italie, il a été observé le renforcement de la petite guêpe (Anagrus) parasitoïde des œufs de la cicadelle, ravageur de la vigne, grâce à la présence de ronces. Il est aussi important que la densité de haies soit suffisante et que celles-ci soient larges. Le biocontrôle des pucerons par les coccinelles est assuré quand les IAE occupent entre 9 et 16% du territoire. Le contrôle a aussi été montré sur le puceron de la betterave. Par contre la présence du fusain d’Europe (Euonymus europaeus) favorise le puceron de la fève (Aphis fabae).

Les bosquets

La part des bosquets dans le paysage semble influencer le contrôle de la mouche de l’olive. Cela serait aussi le cas des méligèthes (ravageurs du colza) mais aussi de ses prédateurs.

 

Les bandes enherbées

Elles sont généralement dominées par le dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), le chiendent commun (Elymus repens), la houlque laineuse (Holcus lanatus) mais aussi l’ortie (Urtica dioica) et procurent, en formant des touffes, un refuge hivernal pour de nombreux carabes mais aussi des araignées. Une bande enherbée pourrait héberger jusqu’à 1500 auxiliaires par m2. Des effets positifs ont été montrés sur les pucerons du blé et de la pomme de terre avec une baisse du niveau d’infestation de 15 à 65%. La bande aurait un effet jusqu’à 60 mètres. Cependant, ces bandes enherbées pourraient favoriser la teigne des crucifères (Plutella xylostella), ravageur principal du chou de Bruxelles et les limaces.

 

Les bandes fleuries

Ces habitats qui contiennent de nombreuses plantes à fleurs, jouent un rôle important dans le contrôle biologique notamment en favorisant les carabes et les araignées. Semées ou naturelles, on y trouve de nombreuses légumineuses comme le trèfle des près, le sainfoin, la vesce ou le lotier corniculé. Mais la famille des apiacées joue aussi un rôle très important comme la carotte sauvage, la berce commune, l'œnanthe safranée, l’angélique sylvestre. Les bandes fleuries hébergent de nombreux prédateurs des criocères des céréales (Oulema melanopus). Là aussi une densité de 8% d’IAE semble optimale.

 

Les bandes de céréales non traitées

La mise en place de bandes non traitées sur les bordures de champ de céréales a été développée en Angleterre à partir de 1980 pour favoriser la perdrix grise. Ces bandes extensives de céréales auraient un effet positif sur le syrphe, Episyrphus balteatus, dont la larve est prédatrice des pucerons des céréales.

 

Les couverts semés sous cultures

Ces couverts jouent un rôle très positif en augmentant la densité de prédateurs. Ainsi, la densité de carabes (genre Bembidion) est doublée dans l’orge de printemps semée avec un couvert à base de trèfle blanc et de raygrass. Cet effet positif favorisant carabes et araignées a aussi été noté dans les champs de choux semés avec du bleuet. Cet effet est aussi très bien connu dans les vergers (poirier, olivier, citronnier) enherbées comparativement au verger avec sol nu. Ainsi, un semis de fétuque élevée (Festuca arundinacea) dans un verger de citronnier permet de contrôler la mouche méditerranéenne des fruits (Ceratitis capitata) et l’araignée rouge à deux points (Tetranychus urticae).

 

Les prairies extensives

Les prairies naturelles peuvent héberger de nombreux auxiliaires en hiver seulement si elles sont gérées extensivement. Ceux-ci peuvent alors coloniser les champs de céréales au printemps.

 

Conclusion

Beaucoup des travaux restent encore à mener pour optimiser la lutte biologique par conservation en choisissant les IAE les plus adaptées, leur composition florale, leur mode de gestion et leur densité dans le paysage. On retiendra cette dernière étude qui recommande de consacrer 8% des terres arables en IAE pour optimiser ce contrôle biologique tout en recherchant une rentabilité économique 2

 

Références

1 Structure, function and management of semi-natural habitats for conservation biological control : a review of European studies. Pest Manag Sci 72: 1638-1651, Holland J, Bianchi FJJA, Entling MH, Moonen AC, Smith BM & Jeanneret P, 2016.
2 Wildlife friendly farming increases crop yield : evidence for ecological intensification. Proc R Soc Lond B Biol Sci 282: 20151740., Pywell RF, Heard MS, Woodcock BA, Hinsley S, Ridding L, Nowakowski M, Bullock JM. 2015., https://royalsocietypublishing.org/[...]

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